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Era draconis -  la trilogie
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Un soir dans une auberge surchauffée, celui que l’on surnomme l’Errant, voleur et aventurier, repère un groupe de « sales gueules ». De nouveaux pigeons à plumer ! Lui qui ne vivait que de petits larcins va se retrouver engagé au sein de cette bande hors du commun. Entre un géant hilare et un manchot bavard, l’Errant ne sait pas encore qu’il vient de tirer le fil d’une aventure qui va le mener très loin, au delà de tout ce qu’il aurait pu imaginer… Car ceux qui ne semblent être que des joyeux lurons insignifiants, ont vécu des histoires légendaires.

Pendant ce temps, à l’autre bout du pays, un événement exceptionnel se prépare. Des créatures d’ordinaire solitaires, sortant de l’océan, émergeant des profondeurs de la terre ou venus du ciel, répondent à un appel. C’est dans une lande déserte qu’une foule de dragons se rassemblent… 

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Début du tome 1

Des nuages noirs s’étirent en bandeaux dans le ciel jaune, obscurcissant le paysage aride. En dehors de ce jeu de lumières et de ténèbres, rien ne bouge dans ce théâtre sinistre et désertique. Soudain, une ombre gigantesque assombrit les roches acérées qui bordent l’océan couleur d’acier. Une autre suit, et dans un bruit de tonnerre, deux énormes dragons atterrissent, soulevant une fumée de poussière grise. Se retrouvant face à face, ils se menacent brièvement et reculent, chacun trouvant un espace à sa convenance qu’il entend faire respecter. Très vite, d’autres les rejoignent, et une multitude de ces créatures se réunissent, grondant, soufflant et cliquetant. Toutes les couleurs, toutes les morphologies sont représentées. Vouivres, vers géants, dragons volants descendus du ciel, dragons de terre sortant des entrailles rocheuses, et, rampant hors de la mer toute proche, les dragons d’eau soufflent de la vapeur. Brun, vert, rouge, jaune, bleu, toutes les écailles de cette foule bigarrent de leurs couleurs le désert monochrome. Parfois, un maladroit bouscule son voisin et reçoit un violent coup de queue ou de griffes en réprimande. Des jets de feu montent vers le ciel le teintant de carmin et d’or. Jusqu’à ce que, tout d’un coup, la foule des sauriens se calme, attentive à ce qu’elle pressent. Devant eux, sur une butte élevée, le sol s’éventre. D’énormes mottes de terre s’éboulent à grands fracas pour laisser émerger une masse brune gigantesque. Un immense dragon secoue sa tête ornée de fibres osseuses qui encadrent son visage puissant d’une étrange coiffure. La boue sèche s’écaille de sa peau révélant d’innombrables tatouages aux formes intrigantes, et de nombreux bijoux en pierres de toutes les couleurs. Ses yeux soulignés de traits ocre sont doux et presque timides, mais son allure imposante force le respect. Tous les dragons se replient sur eux même et attendent. Du dos de ce géant dragon de terre, une petite forme vivante, jusque-là recroquevillée, se déploie et descend pour venir prendre place contre le flanc du saurien.  

— Eh bien, il était temps qu’on arrive. J’en pouvais plus dans ces souterrains. On y étouffe.

La petite silhouette se révèle être un nain lilliputien d’allure juvénile par sa minceur et sa souplesse, mais dont la très longue barbe rousse mêlée de blanc dénote un âge respectable. D’un geste, le nain saisit ses cheveux qui pendent sur ses épaules pour les secouer et en enlever la poussière. Il bat aussi ses vêtements de cuir brut avant de jeter un regard circulaire autour de lui. Ses yeux s’écarquillent. 

— Ah oui, il y a foule ! murmure t’il en contemplant le nombre impressionnant de dragons, et je suis le seul euh… différent, c’est ça, Røkvarh ?  

Répondant à son nom, le dragon de terre cligne gentiment des yeux en hochant la tête. 

— Je t’entends bien, Daïre mon ami ! Mais sois sans inquiétude, je ne te quitterai pas.  

— J’espère bien, marmonne Daïre en lissant sa longue jupe de cuir souple et en ajustant un large bonnet sur sa chevelure. D’un geste rapide, il tapote la dague qu’il porte à la ceinture, bien conscient qu’elle ne lui servirait pas à grand-chose s’il avait à se défendre.  

La voix de Røkvarh, puissante et timbrée, le fait sursauter. 

— Ecoutez-moi tous, dragons des éléments. Nos deux lunes ont longtemps tourné dans le ciel sombre tandis que mon ami Daïre, ici présent et moi-même travaillions à ce moment. Ce jour est important. Tous les signes sont réunis et la grande magie draconique de nos ancêtres - dont je suis l’unique mâle dépositaire - va désigner bientôt quatre d’entre vous, un pour chaque élément. 

Røkvarh pousse le nain en avant pour le présenter à l’assemblée qui le considère avec amusement. Mais face à cette foule de mufles dentus et de pattes griffues, Daïre est pris d’une grosse envie de disparaître. Le nain sent bien qu’il pourrait être un apéritif appétissant pour certains ! Pour garder son calme, Daïre ne peut qu’invoquer l’esprit de son maître Feuhnifaizh afin que la tradition de non-agression envers les magiciens soit respectée ! Røkvarh se tourne vers Daïre qui comprend qu’il doit tenir son rôle. Aussi saisit-il un vieux sac en cuir affaissé afin de fouiller à l’intérieur.  

— Ah oui, oui, le parchemin… un instant, je vais le trouver… Ah … voilà… trois pincées de poudre de… non c’est pas ça… Hum… 

Daïre vide son sac sur la terre et s’empare d’un long document jaunâtre. 

— Ah le voilà ! Je savais bien que je ne l’avais pas oublié. 

 

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